Il est des rencontres qui sont comme une révélation. Ce fut le cas pour Clémentine Dupré lorsqu’à l’occasion d’une exposition sur le travail d’Etienne Martin il lui devint indispensable de lire La poétique de l’espace de Gaston Bachelard. Son intérêt pour l’architecture prenait un sens nouveau.
Il ne s’agissait plus d’une interrogation sur les architectures fragiles et indéfiniment reconstruites du Japon quelle connaît particulièrement, ni sur celles modulables et suspendues à la manière des recherches de Yona Friedman, mais d’une visite toute intérieure qu’elle rendait à la maison dans laquelle elle avait passé son enfance. Une visite des différents étages – de la cave au grenier – et des coins, dont le souvenir lui est revenu à cette occasion. Coins que Bachelard considère comme le lieu de la reconstruction de l’individu et qui, chez Clémentine, se chargent d’ombre et de « recoins » qui les rendent encore plus mystérieux et protecteurs. Tout parle d’intimité ici, que ce soit la taille des œuvres, le socle rond qui favorise l’approche et son modelé puisqu’il porte encore la trace des doigts de l’artiste.
Mais cette visite ne se prolonge-t-elle pas sur une évocation de la notion d’habiter ? Quoi de plus envoûtant que ces structures construites autour d’un vide dans lesquelles le spectateur entre par l’imagination et qui l’entourent de leurs lignes protectrices tandis que les ouvertures conduisent sur les paysages du souvenir de chacun.
Eric Berthon