Depuis la première exposition présentée à accroTerre en 2010, au cours de laquelle les visiteurs avaient l’impression qu’il s’agissait de coraux, jamais un artiste ne s’était à ce point rapproché de la nature.
Marie-Laure Lévitan nous propose aujourd’hui des œuvres qui évoquent si bien les pierres que l’on pourrait se croire dans une exposition de minéralogie, de celles dont on ressort émerveillé par la surprenante beauté des cristaux dont notre Terre regorge.
On retrouve en effet dans ses pièces des passages de couleurs d’une surprenante richesse, des déchirures et les formes aléatoires des fragments rocheux fracturés, dont le toucher doux ou rugueux témoigne de leur histoire. Et tout cela, comme la nature elle-même d’ailleurs, à partir de terre et d’une très longue gestation ou transformation dans laquelle interviennent des oxydes délicatement dosés et surtout le feu à l’occasion de deux cuissons et d’un enfumage réalisé avec divers combustibles selon les effets souhaités.
Boîtes, vasques ou coupes qui semblent avoir été creusées dans la roche par les intempéries, roches arrachées, toutes témoignent de son savoir faire et semblent être la mise en relief des photographies qui les accompagnent.
Car, pour la première fois, Marie-Laure Lévitan confronte ses pièces à ses photographies. Celles qu’elle a prises de cette carrière de marbre en Grèce qu’elle a visitée jadis et qui n’a jamais cessé de vivre en elle. « En m’avançant dans cette carrière, inutilisée depuis l’Antiquité, j’ai eu l’impression de marcher dans ce que j’avais eu envie de faire depuis toujours. C’était comme une sculpture, les volumes étaient magnifiques, pleins, généreux. J’y suis restée des jours entiers à observer les changements de lumière. La roche passait par toutes les couleurs ; la matière, parfois, devenait bleuâtre. Ce lieu m’a obsédée. Il éveillait tous mes sens. J’y suis retournée cinq, six fois depuis, l’émotion est intacte. »
C’est cette émotion, cette liberté ressentie alors qui anime les œuvres exposées ici et qu’elle nous fait partager, intacte, comme transposée.
Eric Berthon