Ce qui frappe d’emblée, c’est le hiératisme de l’ensemble des pièces réunies aujourd’hui. Ainsi, témoignages de quelque antique civilisation, les « têtes » portent en elles tout le mystère que confère ce regard tourné vers l’intérieur et que renforce leur état fragmentaire.
Toutes proches, des « maisons », surélevées d’une cave, verticales aux plans animés de rares ouvertures portent des marques de modules de construction. Leur silhouette élancée, reprise dans les « images », est mise à distance comme dans une photographie nocturne.
Des « boîtes » aux formes pleines, soulignées de couvercles fortement architecturés répondent par leur présence aux deux « paysages » qui suivent la structure de composition des bols genèse. En effet, d’un sol plus ou moins accidenté, s’élèvent ici un bol, là une demeure, une meule et même peut-être un nuage.
Deux séries de bols blancs et noirs viennent compléter ce tableau où domine une sorte de silence minéral. Les premiers s’éclairent de lustres métalliques tandis que les seconds portent en eux toute la richesse que génèrent les oppositions des noirs mats et des noirs brillants. A ceci s’ajoutent les surfaces animées d’un émail, friable et rugueux, aux effets de cristallisations dont on se demande s’il ne provient pas d’un long enfouissement dans la terre.
Tout ceci renforce cette impression de vestiges archéologiques qui ajoute au mystère des œuvres de Camille Virot et qui témoigne, s’il en était besoin, de la profonde relation qu’il entretient depuis toujours avec la terre qui l’entoure et le ressource.
Eric Berthon