Accueillir Maria BOSCH est un plaisir toujours renouvelé car ses œuvres témoignent année après année de son art et surtout de sa très grande sensibilité. L’impression que l’on ressent en regardant ses formes pleines est celle d’un grand calme, d’une présence réconfortante et amicale.
Certes l’on retrouve toujours sa terre, rouge, ses engobes colorés, ses dessins en creux dans la pâte avant cuisson, cette façon qu’elle a de « fermer » ses pièces de manière que l’orifice de ses vases n’apparaisse que sous certains angles et de manière progressive. Mais cette fois, malgré le calme qu’elles imposent, on les sent animées d’une sorte de frémissement.
Tout d’abord Maria a enrichi son répertoire de formes, rondes, ventrues, longilignes et elle décline ses œuvres dans plusieurs tailles. Dans le même temps elle aborde la « coupe » dont l’intérieur est soit laissé blanc, soit décoré lui aussi à l’instar de l’extérieur.
Ensuite, tirant parti d’un petit tour manuel qu’elle a gagné lors d’une exposition à Montblanc, près de Tarragone en Espagne, elle s’est mise à monter ses pièces non seulement au colombin selon l’ancienne technique catalane, ou à la plaque comme ce fut le cas pour l’exposition « Le temps d’une pause » à la galerie accroTerre en juin 2010, mais aussi au tour.
De sorte que, l’élaboration des pièces étant plus rapide, celles-ci participent de la même énergie. Elles semblent d’ailleurs comme arrêtées en pleine ascension avec ce col plissé qui donne l’impression que l’artiste aurait pu les élever davantage encore.
Le décor suit cette évolution. Posés de manière plus rapide que par le passé, les engobes semblent danser sur les flancs des pièces, en se superposant tandis que des voiles blancs viennent en assourdir ou en souligner l’éclat, accentuant ainsi leur aspect poétique.
Ecriture plus nerveuse, qui s’affranchit du dessin gravé lequel est de plus en plus souvent, maintenant, recouvert par les pigments. Même si, par le passé, ce décor graphique n’a jamais été une contrainte pour Maria, il a, aujourd’hui, le même rôle que les engobes dans l’animation de la surface.
Pourtant, c’est toujours le même calme, la même sensation d’apaisement, que l’on ressent devant ses œuvres. Une sorte de plénitude qui incite, après le premier contact, à aller à la « rencontre » des pièces, de la même manière que l’on va à la « rencontre » d’une personne afin de faire plus ample connaissance.
Car, selon sa sensibilité, on sera plus attiré par l’une ou l’autre et alors il faudra en « dérouler » la surface afin d’en apprécier les couleurs, les mouvements dansant, la gravure, les sinuosités de la guimpe et, alors que la magie opère, on se trouve comme envoûté par la sereine présence de ces œuvres qui ressemblent tant à l’artiste qui les a fait naître.
Comment alors ne pas être heureux de recevoir Maria dans nos murs ?
Eric Berthon