Il est de notoriété que la galerie n’expose que des artistes représentés dans ma collection et dont je connais forcément le cheminement. Christel fait donc partie de ces exceptions rares, mais qui confirment la « règle ».
De passage à Paris en 2010 elle est venue me montrer son travail sous la forme d’un petit livre-catalogue. Et l’alchimie a immédiatement fonctionné, à la surprise de tous. C’est que l’exigence qui est la sienne dans le travail du grès ou de la porcelaine était visible, jusque dans les plus petites pièces, de même que la délicatesse du traitement de la surface et de l’émail
Cette exposition Terre éclose est la concrétisation de cette émotion, de cette certitude qui s’est trouvée très vite récompensée par le travail réalisé par l’artiste pour cette occasion, travail dont la finesse des matériaux est le point commun ainsi qu’une animation de la surface qui est sa signature.
En effet, mis à part les pièces réalisées en grès chamotté très simplement ornées d’un décor de porcelaine qui leur confère un mouvement circulaire, les grès bruns et les porcelaines présentent des craquelures très particulières allant de la déchirure jusqu’à l’écaille. Cette animation de la surface se double d’un effet de transparence dans les vases en porcelaine.
Mais là ne s’arrête pas le travail de Christel. Ses formes équilibrées, vases, coupes ou œufs, d’une très grande douceur possèdent souvent, sur la lèvre, une petite virgule, comme une excroissance, comme si la pièce à la lèvre animée tentait de prendre contact avec l’extérieur. A ceci s’ajoute un émail finement résillé que l’on trouve à l’intérieur des pièces de porcelaine ou un autre d’un gris aux traînées bleutées dans les grès bruns.
Il se dégage de toutes ces œuvres une tendresse particulière, une sensualité très délicate, une vie timide, impressions qui donnent profondément envie de les prendre en mains, de les caresser et de les remplir de liquide afin d’éprouver la finesse et la délicatesse de leurs bords, délicatement ourlés.
Mais l’on est aussi tenté de humer ces « corolles » qui seraient ici déposées comme si la chaleur de ces derniers jours, qui a vu le printemps prendre de l’avance, était la cause de cette floraison qui s’est installée dans la galerie.